Par Julie Coutu, formatrice spécialisée et conférencière en intelligence artificielle, communication, technologies et andragogie.
Engagée à aider les organisations à repousser les limites de l’apprentissage et à renforcer l’impact de leurs formations.
21 octobre 2025
Depuis l’arrivée de ChatGPT (et les autres), nous avons tous expérimenté (parfois avec enthousiasme, parfois avec méfiance) leur capacité à générer en quelques secondes des plans de formation. Et il faut l’admettre : c’est impressionnant. Mais si vous avez déjà demandé à un modèle d’IA de bâtir une séquence complète d’apprentissage, vous avez sans doute remarqué la même chose que moi : la majorité des activités proposées se limitent à mémoriser, comprendre ou appliquer. Autrement dit, elles stagnent dans les trois premiers niveaux de la taxonomie de Bloom.
Ce n’est pas qu’une impression. Une étude, publiée par Trust & Maloy (2024), présente une analyse de 311 plans de cours générés par IA, totalisant plus de 2 200 activités.
Résultat : 90 % de ces activités appartenaient aux niveaux cognitifs les plus bas. Très peu atteignaient les échelons supérieurs : « analyser », « évaluer » ou « créer ». Ce sont justement ces échelons qui nous intéressent lorsque nous cherchons à développer la pensée critique, la prise de décision ou la résolution de problèmes en milieu de travail. Bref, le développement réel des compétences pourrait être compromis.
La raison est simple, et elle n’a rien à voir avec nos compétences en conception. L’IA n’a aucune compréhension de ce qu’est un apprentissage profond. Elle ne raisonne pas, ne planifie pas et ne conçoit pas intentionnellement : elle prédit la suite statistiquement probable d’un texte. Or, la majorité des contenus pédagogiques présents dans ses données d’entraînement sont eux-mêmes… au bas de Bloom. Résultat : elle reproduit fidèlement ce qu’elle « voit » le plus souvent (des approches transmissives, descendantes et décontextualisées).
Ajoutons à cela que ces modèles ignorent totalement le contexte : ils ne connaissent ni notre public, ni ses défis, ni les réalités organisationnelles dans lesquelles s’inscrit la formation. Ils génèrent donc des plans génériques, uniformes, sans intention pédagogique claire. Bref, ils automatisent la surface sans jamais accéder à la profondeur.
Je ne crois pas que la solution soit de tourner le dos à l’IA. Au contraire. Mais, elle exige que nous reprenions la main en tant que concepteurs. Voici quelques pistes que j’explore dans ma pratique.
L’IA donne du générique quand on lui demande du générique. Si je veux élever le niveau, je dois l’exiger dès le prompt.
Voici un exemple.
« Crée un module sur la cybersécurité pour des analystes TI expérimentés, incluant une étude de cas à analyser, une activité d’évaluation de protocoles réels et un exercice de création d’un plan d’action. »Ce type de formulation pousse l’IA à sortir du simple « questionnaire de révision ».
Je considère l’IA comme une première ébauche, jamais comme un livrable. Elle m’aide à générer rapidement une structure, mais j’y ajoute la profondeur : scénarios décisionnels, dilemmes éthiques, activités réflexives, tâches authentiques. C’est là que notre valeur ajoutée devient évidente.
Concevoir avec l’IA, ce n’est pas seulement maîtriser un outil ; c’est apprendre à repérer ses biais, à anticiper ses limites et à transformer ses propositions. C’est aussi savoir quand ne pas l’utiliser, notamment lorsqu’il s’agit d’imaginer des expériences ancrées dans une réalité métier précise.
Dans leur étude, Trust & Maloy nous rappellent une chose essentielle : l’IA ne remplacera jamais la complexité de notre jugement pédagogique. Elle peut accélérer certaines étapes, mais elle ne sait pas encore faire ce qui nous définit : relier le contenu aux enjeux réels, susciter la réflexion critique et concevoir des expériences qui transforment. Et c’est tant mieux. Parce que c’est précisément là que nous sommes indispensables.
Avec plus de 26 ans d'expérience, Julie Coutu se distingue par son expertise approfondie et sa passion pour le développement des compétences. Spécialisée en communication, technologies et andragogie, elle a consacré sa carrière à former des professionnels en utilisant des méthodes d'enseignement innovantes et efficaces. Julie Coutu est une formatrice dévouée, dont l'approche pédagogique est constamment enrichie par sa curiosité intellectuelle et son engagement envers l'excellence éducative.
En combinant pédagogie active et technologies modernes, elle vous offre des méthodes d’apprentissage engageantes, rendant chaque rencontre dynamique et interactive, pour une meilleure assimilation des connaissances. Julie est multidisciplinaire. De ce fait, elle pourra vous accompagner à atteindre vos objectifs mêmes les plus ambitieux !
Profil de Julie Coutu Profil LinkedInNotre équipe se démarque par son désir sincère d’aider les gens dans leur processus d’apprentissage. Chaque jour, notre mission consiste à offrir des formations de qualité supérieure dans un environnement d’apprentissage positif, collaboratif, stimulant et enrichissant.
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